dimanche 29 mars 2015

"Le maître de Garamond", de Anne CUNEO (lu en Ed.: Le livre de poche, n°30190) Un COUP DE COEUR!

"Le maître de Garamond", de Anne CUNEO est, pour moi, un vrai coup de coeur! Merci à l'amie qui me l'a fait découvrir...
En 1534, à la veille de Noël, Maître Antoine Augureau, imprimeur et fondeur de caractères est, hors de tout procès conforme au droit, déclaré hérétique, pendu puis brûlé avec ses livres sur le bûcher de la honte, celui que la faculté de théologie de la Sorbonne dresse depuis des années déjà pour asseoir son pouvoir. L'enjeu est d'importance, il faut maintenir le peuple dans l'ignorance, l'empêcher de se référer à des textes traduits dans la langue vulgaire qui est la leur, le français! La facilitation de l'accès aux écritures d'origines ne peut être admissible pour ces théologiens qui exploitent le peuple par leurs sermons dont le sens est parfois à l'opposé du message originel. La papauté a consacré le commerce des messes et des indulgences, puits de revenus prélevés auprès du peuple à qui il suffit de faire peur face aux affres du jugement dernier. "Dieu ne pourra les pardonner de tous leurs méfaits s'ils n'ont pas contribué à la puissance de l'Eglise romaine en se délestant de leurs maigres revenus pour racheter leur salut!" Si facile à dire lorsqu'on se pose en hommes de Foi, détenteurs de la Connaissance et qu'on cache, derrière le charabia interprétatif des textes, l'essence même du message de pardon d'amour prôné par le Christ!
Luther, Calvin, les évangélistes, Marot, Rabelais, les intellectuels les plus brillants des débuts de la Renaissance et, avec eux, tous les imprimeurs qui osent deviner l'avenir qui s'ouvre au monde, tous ces éveilleurs de conscience sont tracassés, pourchassés, déclarés hérétiques. Pour la Sorbonne, toute personne les soutenant, osant rapporter leurs propos ou simplement ne pas s'en offusquer, doit être soumise à cette inquisition et promise au bûcher. Que d'obscurantisme, au nom de Dieu! Que d'énergie malfaisante dépensée dans le seul but de s'octroyer un pouvoir intellectuel sans fondement!
La mort d'Antoine Augureau, Maître Claude Garamond, son plus célèbre disciple, ne peut l'accepter. Sous la plume habile de Anne CUNEO, il va entreprendre le récit de sa vie, du gamin apprenti jusqu'au Maître graveur qu'il est devenu dans la ligne humaniste de son Maître Antoine. Il nous conte ainsi la fidélité, l'engagement réciproques entre Maîtres et apprentis. Il fait la part belle à la noblesse de coeur, à la droiture et au dévouement sans limite des petits gens envers les justes. Il étaye son récit par l'apport de contes anciens, de farces jouées sur la place publique, d'extraits de grands textes qui, deviendront plus tard, des monuments de la littérature française! Le récit est vivant. On chemine avec Claude Garomond., on a faim et froid avec lui, on apprend, on lutte, on gagne et on perd avec lui. On fait nôtre ses émotions, sa participation aux échanges d'idées, sa soif de justice, son obsession de la réalisation parfaite. Une histoire d'apprentissage. Un parcours de vie d'une violence, d'une âpreté et d'une exigence qu'on oublie trop souvent de réaliser lorsque, distraitement parfois, on ouvre et feuillette un bouquin sans trop penser aux combats qui ont été menés pour que nous ayons accès à la lecture!
De manière romanesque, certes, mais solidement ancrée dans les recherches historiques menées, Anne CUNEO nous offre le récit de l'épopée de quelques sages en quête de vérité, de sens et d'ouverture au monde nouveau qui s'offre à eux. Ils ont pour noms: Luther, François Rabelais, Marguerite de Navarre, Mâitre Antoine Angureau et son disciple Garamond à qui on doit l'invention des accents, de la cédille, puis la gravure des caractères typographiques qui sont à la base de ceux qui servent notre lecture aujourd'hui.
Et c'est là une autre raison d'appréciation sans limite de ce livre. On y découvre le récit du combat des imprimeurs pour nous permettre de lire en langue vulgaire, la nôtre, celle qu'on comprend le plus aisément. Combat, on le verra, porté au péril de leurs vies. Combat pour que puisse naître un caractère qui facilite pour l'oeil le plaisir de la lecture et de la découverte du sens. Que serions-nous devenus, nous, amoureux des livres, si de tels géants n'avaient pas combattus pour un savoir partagé, accessible, fécond pour une pensée libre, ouverte et confiante en ces temps nouveaux qu'il nous faut toujours tâcher de comprendre au plus près de nos réalités? Que serions-nous devenus?
Enfin, ce livre est criant d'actualité lorsqu'il met au jour les méfaits de serviteurs faussaires des idées fondatrices des religions. La faculté de théologie de la Sorbonne au 16e siècle, les fondamentalistes de l'Islam aujourd'hui. Les raisons sont les mêmes, non? Asseoir un pouvoir sur le dénis du droit à la connaissance, à la compréhension, à la mise en débat et perspectives d'idées qui auraient tout à gagner d'être discutées, proposées, jamais imposées!
Le Maître de Garamond, un livre d'histoire qui invite au respect des anciens et qui nous ouvre à la compréhension de l'avenir. Un livre à partager!

lundi 23 mars 2015

"Juste ciel" de Éric CHEVILLARD (Ed de Minuit, 2015)

"Juste ciel", roman de Éric CHEVILLARD (Ed de Minuit, 2015) est un petit livre qui se laisse lire avec bonheur et qui place l'instant tragique de la mort dans une bulle humoristique à travers une interrogation, peu philosophique, sur la vie et à ce qu'on imagine après la vie. De la terre au ciel, il n'y a qu'un bond, Albert Moindre, ingénieur spécialiste en pont transbordeur, vient de d'en faire l'expérience sous l'influence d'une fourgonnette d'olives prise en pleine figure.
Albert, comme nous tous, s'est fait beaucoup d'idées sur le déroulement de ce passage à trépas. On en raconte tant à ce sujet! Le voilà, enfin, bien placé pour vérifier ce qu'il en est et comment se passe le jugement dit dernier.
Albert est dans le doute, quelles sont les certitudes sur lesquelles il peut s'appuyer, les expériences qu'il est encore capable de réaliser pour vérifier s'il existe vraiment une connexion entre notre bonne vieille terre et ces cieux factices sièges des décisions suprêmes. Avec pour compagne de voyage Clarisse, il commence donc le parcours initiatique qui, normalement est la garantie du début de la fin: Il sera reçu au bureau des élucidations, profitera d'un passage à l'observatoire pour voir un lever et coucher de terre, se rendra au service de réclamations et ensuite, à celui des rétributions. Toute le livre est plein d'humour, de regards désajustés sur notre terre, sur les injustices et petits bonheurs qui préoccupent nos vies et sur bien d'autres qu'on ne peut, semble-t-il, remarquer qu'une fois "en haut", détaché des contingences un peu futiles de la vie.
Un petit roman de 140 pages, facile à lire, un grand clin d'œil à la vie! Après tout, rire ou sourire n'a jamais tué personne, pourquoi s'en priverait-on alors?

vendredi 20 mars 2015

« L’accordeur de piano » de Pascal MERCIER (Ed. :10-18 n° 4311)

Roman complexe que « L’accordeur de piano » de Pascal MERCIER. Roman à lire cependant ! Si on veut aider le lecteur en proposant une clé de lecture, on a l’embarras du choix. En fait ce n’est pas une seule clé qu’on pourrait donner, c’est tout un trousseau.
J’ai envie de privilégier la gémellité. Par définition l’état de jumeaux. En effet, le fil conducteur choisi par l’auteur est l’écriture de cahiers, tour à tour rédigés par Patrice et Patricia. Après avoir, semble-t-il, vécu une longue période de fusion totale (Je suis toi. Tu complètes mes mots, mes phrases. Je devine ta réaction face à l’avenir avant même que celui-ci ne soit. Tu ne peux envisager de me perdre sans te perdre toi-même, …), ces deux jumeaux ressentent la nécessité absolue de se fuir, de mettre de la distance entre eux après l’incident, le clash, qui a semé le trouble dans bien des esprits et surtout dans le leur. Le contrat est simple, ils ne doivent plus se voir, ni prendre contact, ni chercher à savoir où est l’autre avant d’avoir exprimé, par l’écriture, leurs visions personnelles des événements antérieurs et vérifié s’ils sont toujours et étaient alors vraiment un … ou deux ! Patrice et Patricia écriront chacun sept cahiers, selon la ponctuation temporelle qu’ils donnent à leur histoire et à la prépondérance que chacun accorde aux faits et gestes de leur entourage, aux secrets qu’ils ont et aux stigmates du passé partagées avec Chantal, la mère sous morphine quasi en permanence ou Frédéric, dans son triple rôle de père, d’accordeur de piano reconnu et de compositeur d’opéra dont toutes les partitions sont systématiquement rejetées par les décideurs artistiques. Quel est le lien qui se tisse entre des jumeaux ? Où s’arrête l’aide qu’ils se portent ? Où commence la prise de pouvoir de l’un sur l’autre ? Et si la relation entre eux était encore d’un tout autre ordre ? Pouvons-nous comprendre ?
Un deuxième thème, central lui aussi, est la recherche de reconnaissance, de valorisation de chaque personnage surtout quand il est marqué dans sa chair, dans son histoire, dans sa capacité d’aimer par des actes pour lesquels il est plutôt victime que coupable. Entre l’amour et la haine, l’obéissance et la révolte, la passé et l’avenir, il n’y a parfois rien de très clair mais presque toujours beaucoup de troubles, d’hésitations, de questions sans réponse. Le fond de ce thème est admirablement traité par l’auteur sur fond de musique et de livrets d’opéra qui nous offrent un large panel des trahisons possibles en ce domaine.
Et puis, il y a le thème de la communication, celle qui unit, rapproche, soude à jamais, celle qui est maladroite, qui blesse par sa rareté, son insuffisance, ses silences. Celle aussi qui tait l’essentiel parce que la confiance est là, qu’il vaut mieux faire l’économie de mots trop pauvres pour exprimer ce qui est vraiment. La communication complice, la communication accusatrice, destructrice … ou tout simplement manquée, sans qu’on ne puisse trop dire pourquoi.
Riche, ce livre, parce qu’il nous renvoie à nous-mêmes, à ce que nous pensons qu’on aurait pu faire, dû faire… Riche par les questions qu’il pose et qui, devant la complexité des choses nous ramène à l’absence de certitude, l’humilité nécessaire à avoir devant toute vie d’autrui. Riche, enfin, par ses rebondissements dans la narration, par son écriture multi tonale où chacun pourra se servir et goûter à ce qu’il aime, ce qui l’interpelle ou lui fournit des pistes nouvelles pour lire son temps, sa vie.

vendredi 13 mars 2015

"On ne voyait que le bonheur" de Grégoire DELACOURT (ED JCLattès, 2014)

"On ne voyait que le bonheur" (ED JCLattès, 2014) est, à mes yeux, un très bon roman de Grégoire DELACOURT.
Conçu en trois parties, la première se découpe en chapitres, chacun dénonçant le prix d'un instant du quotidien banal de Antoine, personnage central du roman et de tous ceux qui gravitent autour de lui, sa famille, les clients, son petit monde passé, présent et sans guère d'avenir. Est-ce que cela peut avoir du sens de vouloir chiffrer la valeur des faits et gestes quotidiens? Le prix d'une vie, le prix d'une glace, le prix d'une tournée au bar, le prix d'une remède antiride, tout et n'importe quoi!
Mais voilà, chacun de ces instants de vie son aussi, pour Antoine des temps de bascule. Il sombre, perd ses repères, ses certitudes. Il n'accepte plus le ronronnement sans heurt d'une vie qui n'en est plus une et tout s'accumule jusqu’à tomber, on ne pourrait plus bas, semble-t-il. Être père est si difficile, pour en sortir, ne faudrait-il pas en finir?
De bonheur, il n'en est pas beaucoup question. Il n'est guère présent qu'en creux, qu'en manque lorsqu'il se perd. Mais l'auteur ne nous a pas pris en traître, il a inséré, tout en début de partie, cette phrase si forte de Louis Galet "Ne me secouez pas, je suis plein de larmes"!
La narratrice de la deuxième partie est toute autre. Elle est colère, haine, certitudes qui, comme le bonheur, se détricotent avec douleur et larmes. Mais on le sent, ce deuxième personnage trouvera la voie pour vivre, la voix pour se dire et retrouver l'espérance qui est le propre des survivants.
Enfin, la troisième partie, laissera une nouvelle place à la vie et nous ouvrira, un peu plus encore, au possible bonheur fécondé par les turbulences assumées de la vies.
Ce roman, très fort, est celui du désamour, de l'incompréhension, de la recherche maladroite de solutions qui n'en sont pas et d'une reconstruction sans promesse vers un vivre ensemble. Les situations évoquées sont si proches de nous que nous pouvons les comprendre. Mais l'auteur ne nous entraîne jamais dans l'identification. Antoine reste lui, il illustre le propos tandis que nous restons nous, en marge du roman, témoins compréhensifs et compatissant sur le bord des pages. Et au fil de ces pages, on ne peut que se poser la question du prix de nos vies, de la valeur de notre bonheur, du prix à payer pour les pertes subies, de celui à consentir pour se refaire une santé dans le domaine et pouvoir vivre heureux! Un très beau roman qui, sans être donneur de leçons, pousse à vivre et aimer!

« Léon et Louise » de Alex CAPUS (Actes Sud, 2012)

« Léon et Louise » est un ouvrage rédigé en allemand que l’on doit à la plume de Alex CAPUS, né en Normandie d’un père français et d’une mère suisse. Étant incapable de le lire dans sa version originale, c’est donc la version française (Actes Sud, 2012 ; traduction de E. GÜNTZBURGER) que je viens de découvrir. ET quelle belle découverte !
On entre dans cette magnifique histoire d’amour de Léon et Louise par un clin d’œil de l’auteur. Il plante un décor insolite : Léon vient de mourir, sa famille attend le prêtre pour la cérémonie religieuse au cœur même de Notre-Dame. Survient alors, à petits pas, une femme que personne n’attendait. Elle pose son regard sur Léon, enfouit sa main dans son sac et la retire tenant une grosse sonnette de vélo, usée et rouillée par le temps. Dring, dring, dring, dring… Elle pose la sonnette près de Léon, regarde chaque membre de l’assemblée bien en face et s’en va. C’est Louise, devine les petits enfants… Mais qui est-elle vraiment ? On a de suite envie de le savoir. On est déjà installé dans le livre.
Partant à la recherche du passé de son propre Grand Père, l’auteur va nous conter l’histoire d’une vie qui se déroule dans les coulisses de l’Histoire, depuis la fin de la 1ere guerre mondiale jusqu’à la fin de la seconde.
Le décor de ce roman nous plonge dans ces temps de débrouille, de peurs, de volonté de résistance et d’impuissance. Où se situer ? Du côté de Vichy, du côté de Londres ? Comment réagir à cette invasion allemande qui s’insinue sournoisement dans Paris ? Comment faire face aux pénuries alimentaires ? Comment résister à l’obséquieuse amabilité des gradés allemands qui tentent de corrompre et, ce faisant, prépare les règlements de compte qui seront opérés, parfois sans aucun discernement, sans aucune justice, par les résistants du FFL lorsque Paris sera libéré?
Rien que par ces coulisses, ces tableaux de vie, le livre opère un devoir de mémoire qui interpelle. Mais le propos de l’auteur, c’est de nous conter cette grandiose histoire de l’amour entre Léon et Louise. Tragiquement suspendu par un bombardement en fin mai 1918, cet amour n’en meurt pas pour autant. Mais la vie reprend ses droits. Croyant avoir perdu Louise à tout jamais, Léon épouse Yvonne et veille sur sa famille, même si, aux hasards de circonstances troublantes, son passé resurgit et la Louise est là, plus réelle que jamais, plus énigmatique aussi. Pourtant, c’est Yvonne qui poussera son Léon à reprendre contact avec cette fille aux yeux verts, cette Louise, dont elle pressent que Léon est toujours amoureux mais qu’il restera aussi toujours un homme responsable, attaché à pourvoir aux besoins de son épouse et de ses enfants.
Alors, avec beaucoup de brio dans l’art du récit, Alex CAPUS va poser sur ses pages le problème de la compatibilité d’une fidélité responsable avec l’infidélité amoureuse. Léon dans son amour et son infidélité restera jusqu’au bout fidèle à lui-même, à sa famille, à son premier amour.
Dans le contexte de l’Histoire, une histoire tendre, belle, complexe et fascinante comme la vie !

samedi 7 mars 2015

"Piège pour un élu" de Ian RANKIN (Ed. Le livre de poche n°37118)

"Piège pour un élu" (Ed. Le livre de poche n°37118) est un bon policier signé Ian RANKIN. Comme à son habitude, en compagnie de l'inspecteur John Rebus, RANKIN nous entraîne dans une histoire suffisamment complexe pour qu'on ne devine pas facilement le dénouement. Mais, au-delà du policier, ce livre est aussi un bon polar. En ce sens qu'il fait la part belle à une description des échanges sociaux, des travers, force et coups bas qui régissent le milieu dans lequel se déroule l'affaire. On prend plaisir à découvrir la psychologie des personnages, leurs forces, leurs faiblesses, leur fidélité et les trahisons à l'esprit de la 'meute', ce groupe d'amis qui s'est formé dans le passé et semble resté si marquant dans l'histoire de leurs présents.
Cerise sur le gâteau, d'un livre à l'autre, Ian RANKIN affine ses personnages récurrents. Une belle place est faite dans ce roman aux traits d'humour échangés entre les différents partenaires, complices ou concurrents, qui forment l'équipe policière chargée de l'enquête. Tout cela est plaisant!

mercredi 4 mars 2015

"Rebus et le loup-Garou de Londres" de Ian RANKIN (ED. Le livre de poche n°37102).

De nouveau un vrai plaisir de lire Ian RANKIN, cette fois dans "Rebus et le loup-Garou de Londres" (ED. Le livre de poche n°37102). John Rebus, enquêteur écossais est appelé à Londres pour aider l'inspecteur Flight à résoudre l'affaire d'un tueur en série qui multiplie les victimes sans laisser de traces. Mais c'est compter sans l'approche psychologique de Rebus et son infatigable besoin de ne pas suivre les normes et de mettre le bazar à peu près partout où il passe. Rivalité, respect, entraide,secrets et réflexions retenues ou dites, la complexité des relations entre les deux inspecteurs rythme le déroulement de l'enquête jusqu'à l'assaut final... Un bon polar! Un bon moment de détente dont le dénouement vient à son heure, sans être forcé!

lundi 2 mars 2015

« Peine perdue » de Olivier ADAM (ED. Flammarion, 2014)

« Peine perdue » (ED. Flammarion, 2014) est le deuxième ouvrage que je lis d’Olivier ADAM.
Ayant envie de lire ce « Peine perdue » (chose faite maintenant), j’avais décidé, au préalable, de découvrir Olivier ADAM par la lecture de son premier roman, « Je vais bien, ne t’en fais pas ». Je n’avais pas aimé ! Je n’ai pas beaucoup apprécié celui-ci. À peine plus ! Je n’aime pas cette écriture qui juxtapose des mots, des idées, parfois au mépris total de toute ponctuation. Je n’aime pas cette écriture orale, ce phrasé qui ne laisse que peu, voire pas de place du tout, à la résonnance, ondulation de l'esprit qui, prolongeant l’écho des mots en augmente la portée, la nuance, l’implication dans le cheminement du lecteur à la suite du romancier. Je n’aime pas ce découpage en 23 chapitres (je reconnais que c’est un bel effort après les 57 chapitres du livre précédent) qui ne me semblent pas assez articulés. Olivier ADAM écrit l’histoire de 22 hommes ou femmes qui vivent une existence banale, un quotidien médiocre, un présent sans guère d’à-venir… Et chaque chapitre emprunte le regard spécifique de l’un pour conter l’histoire dans laquelle, finalement, par raccordements successifs, chacun des autres sera impliqué. Comme responsable ou victime. Loyal ou non à ses principes, à ses amis, à ses espérances.
Qu’est-ce que cette ‘peine perdue’ qui donne son titre au roman ? La somme des efforts consentis par les uns et les autres pour se situer, malgré tout, quasi toujours ‘juste à côté’ de ce qu’il faudrait ? Peine perdue pour, en fin de course, en arriver à prendre conscience d’avoir raté sa vie plutôt que d’avoir pu se donner de la vivre ?
Le roman se construit – le lecteur, au fil des pages cherche à s’en convaincre – pour finalement déboucher sur un grand rien, un vide de plus, un non-sens qui justifie tout ce qui a été dit, fait, pensé, non fait, non assumé ! Bref, une belle histoire qui ne prend pas … comme la mayonnaise, parfois. Reste alors la saveur orpheline d’une salade de plus, un peu flétrie, fade, sans releveur de goût ! Une vie sans sel, triste, dure, plus encombrée par les coups du sort et les claques de la vie que par le rayonnement, dans la durée, d’une histoire d’amour possible !
Olivier ADAM, réaliste face au monde ? Peut-être … mais ce n’est pas ce genre de livres qui m’aide à vivre !