jeudi 16 avril 2015

"Au-revoir Là-haut" de Pierre LEMAITRE (Ed. Albin Michel, 2013)

Avant l’heure, puisque sorti en 2013, année précédant l’offensive commémorative de la Grande Guerre, « Au revoir là-haut » (Ed. Albin Michel), signé Pierre LEMAÎTRE n'est pas, comme à son habitude, un roman à classer dans les rompol!  Il s'agit ici d'un roman entièrement taillé dans le costume étriqué des protagonistes de la guerre 14-18.. Et ce roman se révèle être un bon roman où se mélange fiction, pas si improbable que cela, par ailleurs et fond historique.
Avec le talent qu’on lui reconnaît, Pierre LEMAÎTRE, nous emmène avec beaucoup d’efficacité, de justesse et de questions dans cette période trouble de fin de guerre. 

À travers ses mots, ses images, ses silences, on peut ressentir et mieux cerner le quotidien lourd de boue et sans grande espérance des poilus englués dans les tranchées. On peut s’aigrir aussi de l’arrivisme de ces chefs qui se servent plutôt que de servir leur pays.

Le livre s’ouvre à la veille de l’Armistice. Alors que la rumeur de ce dernier se précise de toutes parts, la volonté d’un officier de lancer encore une dernière charge sur le front 131 n’a d’égale que celle des troupes qui préféreraient jouer la montre et enfin oser croire à un retour rapide à la vie civile. L’officier trouvera le moyen de dynamiser ses troupes contre les Boches. Les poilus iront au carnage. Ceux qui en reviendront seront à jamais des gueules cassées, tandis que l’officier ira aux honneurs, d’abord, à ses magouilles d’après-guerre, ensuite... Quelle ineptie ! Quelle bassesse ! Quelle ignominie ! 

La seconde partie du roman, plus fictive celle-là, met en scène les protagonistes de la première partie qui, pour des raisons différentes, s’enferment peu à peu dans l’engrenage des mensonges, des malversations, des arnaques aux sentiments et des règlements de comptes intrafamiliaux. Au fil de l’histoire, le lecteur est habité de l’envie d’en connaître le dénouement. Qui s’en sortira ? Qui s’y perdra ? Les mauvais devront-ils enfin répondre de leurs actes. Les bons seront-ils in fine gagnants ? Et, après tout, y-a-t-il seulement des bons ? Au-delà de l’envie de connaître la fin, le lecteur aura, je crois, envie de chercher réponses à ses questions sur les soifs de revanche, de pouvoir, de puissance et d’argent qui gauchissent la droiture humaine ! 

Bref, un roman comme je les aime. Il se laisse lire pour le plaisir mais suscite la réflexion et l’envie de s’interroger sur ce qui se passe encore aujourd’hui aux alentours de toutes les guerres qui attaquent notre Monde.

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