mardi 27 janvier 2015

"L'appel de l'ange" De Guillaume MUSSO (Ed.: Xo)

Lire Musso ... et puis mourir ! Soit de rire, soit d'ennui! De rire parce que je ne peux m’empêcher de m’amuser de l’ingéniosité mercantile présente chez cet auteur et sa maison d’édition. D’ennui, parce que la paire d’heures de lecture consacrée à ce bouquin ne m’a apporté aucun, mais alors vraiment aucun moment de bonheur à lire !
Comment peut-on donner autant de crédit à cet auteur? Comment peut-on envisager qu'il soit sur les présentoirs dans toute "bonne librairie" qui se respecte … en tant que commerce (Eh oui, ça se vend et il faut qu'ils vivent ... les libraires!) ?
L'idée de départ n'est pas mauvaise, digne d'un film de fin de semaine. On aurait pu être distrait, paisiblement accroché par une histoire pleine de rebondissements, de gags, d’émotion, de surprises. Deux Gsm s'échangent, par inadvertance dans un grand aéroport... mais, forcément, les propriétaires ne s'en rendent compte qu'une fois embarqués ; forcément, sur des vols diamétralement opposés et forcément, ces deux-maladroits se maudissent, ce qui leur permettra de s'aimer follement en fin d'histoire. Quand il s’agit du film du vendredi soir, on peut même s’assoupir un peu. Quand on reprend ses esprits, on raccroche sans difficulté. Dans le livre, c’est pareil…


Quand on ouvre « L’appel de l’ange », on est parti pour une chevauchée, tout sauf fantastique! On devine à peu près toutes les ficelles du roman. Ce sont des câbles! On n'a même pas besoin de faire un effort pour ne pas perdre le fil... Il est tellement évident qu’on peut prendre ce roman pour lire dans le train ou à une terrasse de café et y être interrompu par le premier distracteur qui passe... Sans souci, après les salutations et échanges de convenance avec l'importun venu interrompre la lecture, on reprend l'histoire, sans aucune hésitation et on suit l’auteur (pardon, souvent, on le précède) jusqu'au déroulement, véritable bouquet d'artifice de convenu, de prévisible, de "je l'avais senti" !!!


Bref, 1 pour l'idée de départ qui aurait pu être amusante et un autre 1 pour l'écriture qui rend la lecture à la portée de tous et ne n'oblige aucune prise de tête pour en venir à bout!
Cotation : 2 sans aucune envie de le relire !

vendredi 23 janvier 2015

"Souveraine Magnifique" de Eugène EBODE (Gallimard, 2014)


"Souveraine Magnifique » est un roman de l’écrivain Camerounais Eugène Ébodé. Publié chez Gallimard en 2014, l’auteur se met en scène comme étant celui venu du pays des crevettes (Cameroun vient du portugais Camerões signifiant crevette.) désireux de comprendre ce qui s’est passé en 1994 au Rwanda, pays des mille collines.
Souveraine Magnifique, c’est le récit d’une rescapée des massacres rwandais d’il y a à peine vingt ans et le récit de cette lente quête de justice qui débouche sur l’accompagnement d’une vache, Doliba, cogérée par le bourreau et sa victime ! Plus qu’un « conte africain », une tranche d’humanité à ne pas laisser filer !
Dans un langage tout africain, gonflé de sagesses ancestrales, de métaphores, de palabres, de silences et de temps consacrés à conter pour faire mémoire, l’auteur nous introduit à une double question :

Que s’est-il vraiment passé lors de cette saison des machettes durant laquelle des massacres ethniques ont été perpétrés sans que nos consciences européennes ne s’en offusquent immédiatement ? Pourquoi ce « laisser-faire » … même si, après coups, le tribunal international (TPI) s’est saisi de quelques procès exemplaires, à tout le moins se voulant exemplatifs ?

Un chemin de conciliation, de reconstruction d’un avenir commun est-il possible entre les victimes et les génocidaires ? Comment rendre compte de ce qui s’est passé en ouvrant un avenir ?

Avec verve et empathie, dans un maniement simple, chaleureux et imagé de cette langue française que l’auteur maîtrise parfaitement, le lecteur est pris par la main et invité à ouvrir les yeux. Il existe un devoir de mémoire qui doit nous pousser à dénoncer les thèses négationnistes et à nous souvenir des faits, sans juger les personnes, mais sans aucune complaisance pour les forces sataniques qui poussent l’Homme à accepter de détruire son semblable plutôt que de lui porter assistance.

Extrait (page 112): Comment toutes ces équations vont-elles se résoudre ? Par la raison du plus fort ? Par la médiation des sages assis sur l’herbe ? Par la colère et de nouvelles tueries ? Ah non ! Si la tuerie était une solution, on le saurait. … En revanche, le point de vue des survivants est une chose qui ne se discute pas. Heureux soit qui recueille leurs paroles comme on extrait une pierre précieuse de la roche ou de la boue. Et leurs propos doivent pénétrer les esprits pour devenir des passerelles de prévention et de mémoire…
« Heureux soit qui recueille leurs paroles comme on extrait une pierre précieuse de la roche ou de la boue. Et leurs propos doivent pénétrer les esprits pour devenir des passerelles de prévention et de mémoire… » Voilà bien le fondement même de ce livre… À lire, absolument, en gage de volonté d’engagement contre toute barbarie à venir !

dimanche 18 janvier 2015

"Baigneuse nue sur un rocher" de Armel JOB (Ed.: Robert Laffont, 2001)

"Baigneuse nue sur un rocher", roman signé Armel JOB, a été publié chez Robert Laffont en 2001. 
Épuisé, il a été réédité en 2012 par la Communauté française de Belgique dans la collection Espace Nord qui rassemble des titres du patrimoine littéraire belge francophone. Quelle belle idée! 

J'ai découvert ce roman avec tout le plaisir que j'ai chaque fois à la lecture d'un livre de Armel JOB.

Rocafrène, 1957, petit village des Ardennes qui, comme tous les bleds, possède son curé, son boucher-charcutier, ses riches, ses besogneux, ses veuves, ses jeunes, ses amoureux... Et, surtout, ses histoires du passé qu'il est bon de ne pas vouloir réveiller mais que le présent ne peut taire. José, artiste portraitiste juif a fui Liège durant la guerre. Réfugié dans ce village, il a réussi à convaincre Thérèse, la fille du charcutier, à poser pour lui. Un portrait, d'abord, un nu, ensuite. Tout doit rester secret... Comme si le secret pouvait être assuré dans un village où le souvenir des actions de guerre, plus que douteuses, menées au nom de la résistance, ne demandent qu'à refaire surface et où chacun a au moins un compte à régler avec les autres... Que deviendra ce tableau intitulé Baigneuse nue sur un rocher? Que deviendront les vies ou les morts de tous ceux qui, parfois bien malgré eux, se retrouveront imbriqués dans cette histoire?

Avec beaucoup de brio, Armel JOB construit son récit, touche par touche, à la manière des pointillistes. Au fur et à mesure de l’histoire, chaque personnage prend de la densité, du volume et en devient, si non aimable, de plus en plus crédible. Amour, Violence, trahison. Justice, vengeance, compromission. Manipulation, duplicité, innocence. Tout est là. Le vrai monde au cœur d'un village en émoi. La vieillesse doit assumer son passé, la jeunesse doit assurer son avenir.
Armel JOB nous prend, nous entraîne, nous précipite dans ce récit qui fait bouillir le passé pour en distiller le présent. Et, cerise sur le gâteau, Armel JOB ponctue les paroles et les gestes de ses personnages d'une série impressionnante de dictons « bien de chez nous » qui éclaboussent le récit de cette sagesse populaire qui, sans être toujours vraie, loin s'en faut, est souvent truculente et savoureuse.
À déguster sans modération!

samedi 17 janvier 2015

"Le sumo qui ne pouvait pas grossir" de Eric-Emmanuel SCHMITT ( Ed. Le livre de poche, n° 33207)







« Le sumo qui ne pouvait pas grossir » de SCHMITT Éric-Emmanuel est un de ces fins livres (moins de quatre-vingt pages) qui nous conte joliment une fable universelle.


L'intrigue:
Jun, jeune adolescent, vit dans la rue à Tokyo. Petit marchand à la sauvette d’objets plutôt douteux, il a développé une allergie universelle, une allergie universelle.


Extrait: 
« J’étais devenu intolérant à la vie entière. Y compris à moi. Un sujet captivant pour la médecine si elle s’était penchée sur mon cas : je faisais de l’allergie universelle. Rien ne m’attirait, tout me répugnait, vivre me provoquait des démangeaisons, respirer mettait mes nerfs en pelote, observer les humais me filait la nausée, subir leur conversation couvrait ma peau d’eczéma… »


L'histoire (suite):
Jun, en fonction de son infirmité, vit seul, dans la rue, à la débrouille. Quand un homme s’arrête devant lui et lui déclare : « Je vois un gros en toi », lui, le nabot, le chétif, le mal foutu, il ne peut que croire à la provocation ou à la débilité profonde de cet inconnu.
Au fil du temps, il apprendra à mieux connaître ce Shomintsu. Il comprendra mieux qui il est, d’où il vient, les liens qui trament sa vie et ce qu’il peut devenir. Devenir Sumo, devenir le contraire de ce qu’on a toujours prétendu vouloir être et vouloir ce contraire mais sans nécessairement pouvoir. Où, comment trouver la force de ce devenir ? Dans l’effort, la pensée pure, l’écoute d’un maître, l’écoute de soi et de ce qui, au-delà, plus haut et plus profondément inscrit, est en soi !
Jun, sumo deviendra lui-même, capable d’envisager la vie sans cette allergie universelle qui le bridait alors qu’il se proclamait libre. 

Mon avis sur le récit:
Cette fable ne m’apparaît pas avoir atteint le niveau des autres livres de Éric-Emmanuel SCMITT, tels Monsieur Ibrahim ou les fleurs du Coran et encore Oscar et la dame rose où les personnages m’y semblaient plus denses, plus nuancés, plus réels. Mais, après tout, ce n’est peut-être que parce que ces cultures monothéistes me sont plus proche que le bouddhisme zen.

En conclusion:
Il reste que j’ai aimé et me suis senti touché par cette approche de l’invisible mêlant enfance, c’est-à-dire promesse d’avenir et spiritualité, c’est- à-dire force et direction de vie.

vendredi 16 janvier 2015

"Némésis" de Philippe ROTH (Ed.: Folio, n°5735)





L'intrigue:
Durant l’été 1944, au cœur d’une Amérique où tous les braves sont partis se battre pour la liberté des peuples assaillis par l’Allemagne nazie, Bucky Cantor, 23 ans, ne prend part ni aux combats, ni aux honneurs. Sa mauvaise vue l’a réformé et rivé à sa ville, Newark. Il se sent très loin de ces lieux prestigieux de défense de la liberté. Et pourtant, cette contrée américaine, un peu perdue au fin fond de nulle part, va se révéler être le terrain d’un autre combat : celui inégal qu’une population doit engager, toujours avec un coup de retard, 
contre une épidémie de polio !

Face à celle-ci, où est le courage? Qui se montrera à la hauteur? Que faut-il faire? Qu’aurait-il fallu faire? Que peut-on faire encore? Quand la maladie se propage sans qu’on en connaisse la stratégie, quand il est tentant de sauver sa peau, surtout face à l’impuissance révélée de l’utilité de ce qu’on croit juste et bon de faire en pareille situation, où est le véritable Homme? Quelle posture doit-il prendre face à tous ces innocents touchés, presque tous encore enfants?

Mon avis sur le livre:
« Némésis », est le premier ouvrage de Philippe ROTH que je lis. Sidérant! Cette histoire vous prend, en douceur, et ne vous lâche plus, vous vrille, vous tenaille, vous oblige à vous interroger. Le livre pose question, me pose question! Face à de telles situations, quels seraient mes choix, mes doutes, mes certitudes?

Avec une précision diabolique, sans emphase, avec des mots qu’on pourrait dire ou taire, des attitudes qu’on pourrait adopter ou fuir, Philippe ROTH nous entraîne dans le combat que mène un homme, Bucky Cantor, contre la maladie, contre lui-même, pour les enfants, pour les familles, pour sa fiancée … et contre Dieu ! Pourquoi ce dernier permet-il cela ? Pourquoi, puisqu’il est à l’origine de tout, reste-t-il sans réagir aux commandes d’une telle épidémie? Bien avant de se poser ces questions, Bucky va engager toutes ses forces dans l’animation d’un terrain de sport accueillant les enfants juifs. Avec lui, les enfants suent, se dépensent et s’amusent … mais ils meurent quand même! Qu’aurait dû faire Bucky? En quoi est-il responsable? Que peut-il faire de plus? Rester, se sauver?
Et si, quoi qu’il fasse, la mort, prénommée Polio était à ses trousses?
Si, en définitive, la cause profonde de ce fléau, c’était lui ?

Suffit-il d’avoir été nourri des valeurs de courage, d’altruisme, d’humanité, de service et de tâcher de les vivre, parfois très naïvement, pour échapper au questionnement qu’impose la survenue d’une épidémie, bête immonde qui vous enferme, vous enserre, vous broie ? Peut-on vraiment faire l’économie de blâmer Dieu ou de se culpabiliser pour qu’enfin un responsable soit nommé.
Etait-il possible que cet été de tragédie collective devienne autre chose que toute une vie de tragédie personnelle?

Mon avis sur l'écriture: Traduit de l'américain par Marie-Claire Pasquier, ce roman est de très belle facture. L'auteur y maîtrise une langue jouant aisément de la concordance des temps pour assurer une narration fluide, situant clairement les personnages, les époques, les actions. Il incorpore, avec justesse, de brefs dialogues qui rythment l'histoire et centrent le contenu sur l'essentiel. L'emploi d'un vocabulaire simple mais riche, tout en nuance, participe à rendre la lecture agréable.  A vue, l'histoire se conte en nous! Il n'y a qu'à suivre le fil... 

En conclusion:
Un roman fort de Philippe ROTH, un roman qu’on peut transposer face à bien des « épidémies » qui ravagent notre temps, l’incommunication, les xénophobies, la montée des extrémismes, les maladies de la pauvreté ou encore les ravages d’un virus tel Ébola ! Un livre qui invite à réfléchir !

"Le message du pendu" (Ed.: Le livre de poche, n°33556) de Pieter ASPE


L'intrigue:
La canicule qui s'abat sur Bruges invite ses habitants au farniente... Mais la découverte d'un drame familial, véritable carnage dans une villa des quartiers huppés de la ville, va mobiliser le commissaire Van In et ses comparses habituels pour une enquête qui débouchera sur tout autre chose qu'un "simple carnage familial"...

Mon avis sur l'histoire:
Pieter ASPE se montre pareil à lui-même. Son personnage central, le commissaire Van In est cette fois confronté au monde de l'espionnage et du contre-espionnage international. Avec son humour, sa soif de Duvel, de bonne chair et de sexe, Van In va poursuivre son enquête en refusant les apparences et en jouant souvent, un peu trop souvent, cavalier seul.
Mais quand on est auteur et qu'on a créé depuis tant d'années un héros aussi productif que le commissaire Van In, on ne tue pas l'idée qui fait bouillir la marmite. Le commissaire s'en sortira donc. Il sera encore plus amoureux de sa femme, la juge Hannelore et ses liens avec le fidèle Guido Versavel auront encore forcis.

Mon avis sur l'écriture:
Nouveauté, dans la brochette des personnages, l'arrivée d'un légiste polonais qui malmène et triture la langue de chez nous avec ingéniosité, ce qui donne naissance à quelques bons calembours. 

En conclusion:
Un Pieter ASPE qui, comme à l'accoutumée, se laisse lire et ne demande aucune prise de tête dans le suivi de l'intrigue. Une lecture détente, sans plus ... mais cela fait du bien, parfois!

"Un avion sans elle" de Michel BUSSI (ED Pocket n° 15367)

« Un avion sans elle » (Pocket, n°15367), de Michel BUSSI est un livre dont le titre accroche bien davantage que son contenu. Ce polar, de facture moyenne, selon moi, regroupe cependant tous les ingrédients nécessaires : un crash aérien, un nombre impressionnant de victimes, une rescapée, qui plus est un bébé et deux familles rivales pour en revendiquer la parentalité. Un combat juridique, long et incertain, pour savoir à qui doit revenir la garde et cette vérité judiciaire remise en cause par la partie adverse... Comme rien n'est simple - sous peine de ne pas avoir de quoi écrire un roman -,l'auteur va pouvoir faire balader ses lecteurs à travers 18 ans d'enquête ponctuée de nombreux crimes, magouilles et trahison en tous genres! Le décor est planté, on peut faire entrer le détective Crédule Grand-Duc ! (Non, mais franchement, "Crédule", vous y croyez, vous, à un nom pareil pour un détective?). Je me suis donc lancé à l'assaut du Mont Terrible, lieux de l'accident initial!
Mais j’ai assez vite éprouvé quelques agacements à deviner à chaque épisode du récit le dénouement quelques dix à vingt pages avant qu’il ne soit écrit. Tout y est un peu trop téléphoné pour moi. Les personnages y sont caricaturaux, sans épaisseur propre. C’est gentil, c’est net, lissé mais convenu ! On a prend fait et cause pour l’innocence candide d’un Julio et de sa Roméette, tous deux absorbés dans le drame d’un amour impossible. On développe quelques sympathies pour la grand-mère courage, autant qu’on ne se reconnaît pas dans sa rivale pudibonde et machiavélique. Le grand-père qui pense que l’argent mène à tout, et souvent à n’importe quoi, ne nous tire aucune larme de compassion quand il devient légume. La sœur est folle mais, on le sait, on le sent, on n’y coupera pas, on finira par s’attacher à elle et elle deviendra une complice, une amie, enfin une grande sœur !
Alors, pourquoi lire « Un avion sans elle » ? Pour passer le temps, parce qu’on en a tant parlé, on a tant vu sa couverture sur les présentoirs de nos librairies et parce qu’avant de dire « Je n’aime pas, il faut goûter ! » C’est fait ! Pas convaincu, mais, fidèle à moi-même, je lirai un autre roman du même auteur avant de décider de le suivre dans le futur ou de le reléguer aux rayons des essais, pas pires que d’autres, mais pas exceptionnels non plus.

lundi 12 janvier 2015

"L'âme du monde" de Frédéric LENOIR (Ed. Pocket, n° 15647)



Première approche du livre :
 « L’âme du monde », de Frédéric LENOIR, peut apparaître comme étant un livre de plus conjuguant avec aisance, les déjà vieilles recettes de la pensée positive, celles de l’ésotérisme et de la philosophie antique et le « sociologiquement correct » qui, tout étant relatif, gomme et réduit les différences pour prôner (intellectuellement) l’unicité de la grande famille humaine appelée à cesser de se déchirer et à aller résolument vers demain sur des chemins pacifiés (sic)… 
Si l’âme du monde n’est que cela, c’est un livre de trop, inutile ou presque !




Pour étayer mes dires, quelques recettes ou croyances de la Pensée Positive que d'aucun veulent, en plus, Permanente:
Tout est possible à celui qui a foi en lui-même, qui croit en lui! Chacun a le pouvoir de décider! Les mots qu'on utilise disent et construisent nos pensées. Nous en sommes donc les maîtres. Ce que je pense façonne mon existence et me conduit inéluctablement vers le Bonheur (réussite) ou vers les pentes du Malheur (échec). C'est moi qui conduis! L'avenir se crée, en moi, dès aujourd'hui! C'est mon fort intérieur qui en est la source! Je pense, donc je peux! Ma pensée positive est la clé de ma réussite! ... Si j'ai la foi en moi ... tout est possible! 
Pour les mêmes raisons, quelques recettes ou croyances ésotériques: 
L'ésotérisme étant un enseignement réservé à des initiés, ses doctrines semblent secrètes. En fait, il serait plus juste de dire que la nature même d'un enseignement ésotérique (intérieur) est tellement d'ordre spirituel qu'il ne peut être dit dans le contexte usuel des mots. Il doit s'exprimer par des paroles, des paraboles, des contes, images ou symboles qui, peu à peu secrètent, distillent au choeur des entités "esprit-corps" des initiés une nouvelle manière d'appréhender le monde et l'envie de transmettre aux autres cette vision cosmique par un mode de vie, en actes, paroles et pensées qui révèlent ce Monde Nouveau atteint.  L'enseignement ésotérique s'appuiera donc sur la profonde connaissance du Monde, de l'Homme et d'une Sagesse -divine ou sacrée- pressentie dans l'organisation du Grand Tout!
Quant à l’apport de la philosophie antique, je pense pouvoir énoncer, un peu trop brièvement peut-être, que, premier pas des philosophies qui naîtront par la suite et se développeront en courants parfois contradictoires, souvent opposés et trop souvent exclusifs, la philosophie antique se caractérise par cette volonté de découvrir et nommer ce qui permet le maintien de l'équilibre organisé du Monde 


L’histoire racontée : 
L’auteur réunit dans un monastère du Tibet 8 sages qui reçoivent et se donnent pour mission de transmettre l’enseignement fondamental qui devra permettre à deux adolescents de comprendre, d’expérimenter et de transmettre à leur tour ce qui est nécessaire pour que se maintienne l’âme du monde, cette force bienveillante qui maintient l’harmonie de l’univers.  Bref, on va, comme dans tous les séminaires « zénétiques », on va se poser les questions du sens de la vie, de la vraie liberté, du fondement de l’amour, de la réconciliation corps-esprit, de la nécessité de vivre ici et maintenant, acceptant les bonheurs et malheurs comme des marches d’un escalier qui permettent de gravir, de monter vers un plus haut que nous.  Comme bien souvent, dans ce type de « bonnes pensées », il y a un peu de tout. En effet, les 8 sages sont d’obédience très diverses. Pour eux, la source est, selon chacun, le chamanisme, la philosophie européenne, la mystique hindouiste ou chrétienne, le soufisme musulman, le kabbalisme  juif, le taoïsme chinois ou encore le bouddhisme tibétain.
Mon avis sur le contenu : 
Avouez qu’avec une telle richesse, il y a de quoi faire son marché !  Même si, c’est une évidence, les mêmes histoires, les mêmes contes philosophiques existent, à quelques nuances près, dans chacune des traditions orales de ces courants de pensées. 
Et, après la lecture d’un tel livre, « tout le monde, il sera beau, bon, juste et zen … surtout si, comme moi, il vit sa vie, en plein accord avec son aspiration profonde, dans le respect du droit que possède chacun de penser ce qu’il veut et de vivre en conséquence, en harmonie avec lui-même, le monde, le cosmos … [ndlr : bémol : à défaut de pouvoir vivre dans la vraie vie avec son voisin, qui plus est, doit être étrange(r) puisqu’il semble ne pas vraiment toujours penser comme moi ! ]
Voilà, c’est dit ! Si le livre de Frédéric LENOIR n’est qu’un ouvrage de plus dans ce genre littéraire, je lui attribue la note de 3/10. Un point pour l’écriture agréable et facile à lire, un deuxième pour le florilège de contes, paroles de sages et autres belles pensées avec lesquelles je suis, pour la plupart, entièrement d’accord et pour lesquelles, un rapide survol de lecture fait office de rappel des règles de bonnes conduites, ma foi aussi utile que les campagnes de rappel des règles élémentaires de conduite menées par l’IBSR ou tout autre organisme de sécurité routière en nos pays. Enfin, le dernier point, je l’attribue pour la brièveté du livre. Pas besoin de 500 pages pour délivrer le message !
Mais, à y regarder de plus près, il y a, au moins, trois autres bonnes raisons de consacrer une bonne paire d’heures à la lecture de ce récit :
J’aime l’idée que la Sagesse des anciens soit transmise à des adolescents. Ces jeunes que l’on perçoit trop souvent comme des « crises » et si peu comme « l’à-venir ». Le fait que la transmission soit orale et évite donc le piège du Livre et de toutes ses querelles interprétatives est aussi un clin d’œil à notre société.
J’aime l’idée que l’essentiel qui doit être poursuivi est la recherche du dénominateur commun plutôt que les forces séparatrices.   Et l’actualité déchirante de janvier 2015, en France et dans le monde,  ne peut que me conforter dans cette nécessaire urgence à crier que nous devons nous dresser pour un vivre ensemble et une intégration de nos différences.
Enfin, j’aime le sens des nuances contenues dans les propos de LENOIR. Alors que l’auteur vient de mettre ses sages en recherche et partage,  alors que ceux-ci ne sentent pas encore très bien ce qu’il convient de faire, ils se taisent, prient ou méditent, chacun dans sa voie spirituelle… C’est alors que l’auteur fait dire à l’un d’eux : « Nous n’avons pas prié ensemble… mais nous étions ensemble en prière »…  En ces jours sinistres de janvier 2015, alors que nous sommes tous Charlie, sans doute pour de multiples bonnes raisons, même si parfois celles-ci semblent incompatibles, il est bon de réfléchir à la tension qui doit exister entre la volonté d’être semblable sans être identique. Vouloir percevoir la force des complémentarités plutôt que de se perdre dans une apparente unicité,  à terme, réductrice. On ne peut jamais autant se rapprocher de l’autre que lorsqu’on garde distance… Pour se rapprocher, il faut que l’autre ne soit pas moi, mais lui !  Et ce type de nuances, d’approches subtiles, on le sent très présent dans ce conte philosophique « L’âme du Monde »…
Mon avis sur l’écriture :
Frédéric LENOIR écrit avec aisance. C'est un conteur affirmé. Ce style convient particulièrement bien ici. Plaçant son récit dans le cadre d'une transmission orale d'un enseignement pour le Monde, Frédéric LENOIR utilise, avec justesse, les ressorts habituels du genre: le découpage en sept temps d'enseignement (chiffre chargé de sens dans la symbolique numérique) les répétions de formules introductives aux prises de parole, les contes et paraboles qui touchent l'imaginaire et laissent des traces dans les mémoires, les temps d'arrêts, de silence qui permettent l'intériorisation du contenu. Tout cela rend l'écriture agréable et la lecture facile. 
En conclusion : 
Un livre qui ne révolutionnera rien … mais qui, peut-être, permettra au lecteur la poursuite d’une évolution vers plus de sens, de vie, d’amour et de reliance dans le Monde. 

dimanche 4 janvier 2015

"Moi, Malala, jelutte pour l'éducation et je résiste aux talibans" de Malala YOUSAFZAï (Ed. Le livre de poche, n° 33357)

« Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans » de Malala YOUSAFZAÏ (avec la collaboration de C. LAMB) est une confirmation de deux idées majeures qui m’accompagnent depuis longtemps sur mon chemin de vie : Il faut se battre pour promouvoir l’éducation et il faut arrêter de diaboliser l’Islam, tout en poursuivant la dénonciation les dérives de tout extrémisme religieux.

Extrait du quatrième de couverture: 

Quand les talibans prirent le contrôle de la vallée du Swat, au Pakistant, une toute jeune fille, refusant l'ignorance à laquelle la condamnait le fanatisme, résolut de se battre pour continuer d'aller à l'école. Son courage faillit lui coûter la vie: en octobre 2012, à 15 ans, Malala YOUSAFZAÏ est grièvement blessée d'une balle dans la tête. Cet attentat censé la faire taire l'a au contraire confortée dans son engagement en faveur de l'éducation des filles de son pays et des millions d'enfants non scolarisés de par le monde. ...

Extrait d'une information relayée par Le Monde de ce 16 décembre 2014:

Un commando taliban a attaqué, dans la matinée du mardi 16 décembre, une école accueillant des enfants de militaires à Peshawar, principale ville du nord-ouest du Pakistan, qui compte environ 4 millions d'habitants. En fin d'après-midi, l'armée pakistanaise a annoncé la fin des combats contre les six assaillants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), à l'origine de l'attaque. Au moins 141 personnes ont été tuées dans l'assaut, dont 132 enfants. 

En 2012, c’est ce même groupe terroriste qui avait revendiqué la tentative d'assassinat de la jeune Malala Yousafzaï – lauréate du prix Nobel de la paix en 2014. 

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2014/12/16/pakistan-des-talibans-attaquent-une-ecole-militaire_


Mon intérêt pour ce livre : 

Malala, prix Nobel de la paix 2014, attentat des talibans tuant 141 personnes dont 132 enfants… Ces informations éclairent ce livre et en souligne toute l’actualité !
Ce n’est pas un roman, la réalité malheureusement a dépassé et dépasse encore toute fiction. Ce n’est pas non plus seulement un essai développant une thèse, un point de vue intellectuel à confronter à d’autres. C’est un livre de Mémoires. Le récit d’une transformation de la société dans la vallée du Swat, du Pakistan. Et c’est surtout l’interaction entre des faits historiques, des prises de position de personnages politiques bien réels et celles, non moins réelles d’une famille, d’un papa et de Malala qui persévèrent dans leur croyance qu’il est bon d’éduquer et de suivre le Coran plutôt que les utilisateurs nuisibles que sont les talibans et tous ceux qui, par intérêts ou par lâcheté, les laissent prendre un pouvoir illégitime.
Récit d’une longue montée vers l’impensable, la tentative d’assassinat de Malala et, malgré tout, la poursuite de son combat et sa mondialisation. Un livre empli d’interpellations, de bonnes questions d’une fille à son père ou aux dirigeants politiques qu’elle rencontre. Un livre empli de réponses courageuses, de vouloir apprendre et savoir-vivre.  Un livre qui ne peut nous laisser insensibles et doit nous pousser à lutter, là où nous le pouvons pour les idéaux défendus par Malala !


Mon avis sur l’écriture :

Quelques très belles images :
 Je viens d’un pays qui est né à minuit. Quand j’ai failli mourir, il était juste midi passé. (1ere phrase du prologue)
« Je connais l’importance de l’éducation, car on m’a pris de force mes stylos et mes livres » (chap 17, p. 271)
Au Pakistan, quand les femmes disent qu’elles veulent l’indépendance, les gens pensent que cela signifie qu’elles refusent d’obéir à nos pères, frères ou époux. Mais ce n’est pas c que cela veut dire. Cela signifie que nous voulons pouvoir décider pour nous-mêmes. Être libre d’aller à l’école ou de travailler. Il n’est écrit nulle part dans le Coran qu’une femme doit dépendre d’un homme. (Chap 18,p. 277)


Toutefois, l’écriture m’a semblé parfois décousue, un peu alourdie par des digressions, par l’apport de trop de détails sur les différents protagonistes de l’histoire … 

Mais il s’agit de l’Histoire ! Alors, ces détails ont une importance, ils authentifient les faits et donnent une série d’éclairages pertinents sur la vie d’une famille, d’une jeune fille musulmane au Pakistan.

En conclusion: 

Une histoire à faire connaître auprès de tous ceux qui dénigrent la nécessité de l’enseignement, l’éducation, tout spécialement des filles et qui confondent Islam et positions de déviants religieux de tous poils !