mercredi 12 novembre 2014

"Le Complexe d’Eden Bellwether" de Benjamin WOOD (Ed.: Zulma, 2014)


Couverture Le Complexe d’Eden Bellwether

Ce premier roman de Benjamin Wood (Ed. : Zulma, 2014) est, à plus d’un titre, une plaisante découverte.
Vivant mal l’étroitesse de vue de ses parents, Oscar a pris ses distances au point de se sentir plus proche des vieux dont il s’occupe en maison de repos que de ce père, emmuré dans ses préoccupations matérielles, qui n’envisage la lecture que comme une perte de temps. Oscar a appris à donner du sens à ce qu’il fait. Son métier d’aide-soignant, loin d’être dégradant à ses yeux, il le vit avec la satisfaction d’offrir un service aux résidents et de recevoir en échange.
Mais ce fuyard de la vie familiale, par le hasard de quelques notes recueillies aux abords de la chapelle de King’s college, va entrer dans une famille aussi étrange qu’effrayante, aussi fusionnelle que déséquilibrée, aussi attrayante que distante. Où sont les apparences ? Où est la réalité ?
La seule certitude – et encore, en est-ce vraiment une ? – c’est son attirance et son amour pour Iris. À côté, mais incontournables, il y a le père, décideur de ce qui est bien ; la mère qui, quand elle pense, ne pense, semble-t-il, que comme son mari ; et puis, surtout, entouré d’un trio d’amis sur lesquels il semble avoir le contrôle total, il y a le frère de Iris, Eden, aussi brillant et imbu de sa personne que doué de pouvoirs ou complètement détraqué. Allez savoir ?
Dans ce monde semblant irréel d’une aristocratie anglaise qui ne connaît pas la valeur de l’argent parce que n’en n’ayant jamais éprouvé la nécessité, Oscar peut-il trouver une place ? Peut-il gagner le cœur d’Iris ou celui-ci sera-t-il à tout jamais sous l’emprise malsaine de la volonté de son frère Eden ? Et qui est vraiment cet Eden, musicien atypique, qui manipule les personnes sur fonds de musique baroque ?
Benjamin Wood, par son écriture structurée, légère, nous emmène dans une bien étrange histoire !
Même si la mécanique du roman n’est, en soi, pas tellement originale, on se prend à lire pour connaitre la suite, pour essayer de la deviner avant qu’elle n’advienne, pour enfin savoir si Oscar et Iris atteindront leur but… Mais, et c’est très bien ainsi, on lit aussi pour s’interroger. Quel sens peut avoir l’appartenance à une famille ? Quelle est la nature des liens qui s’y nouent, entraide ou entrave ? Et puis, se laissant toucher par les personnages faussement secondaires que sont les deux vieux, amis d’Oscar, on ne peut faire l’économie de se questionner sur le sens et la réalité de ce qu’est la vie à l’âge vieillissant et de ce qui peut encore fonder une folle espérance quand tout semble dire qu’il n’y a plus d’espoir.

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