vendredi 19 décembre 2014

"Pas pleurer" de Lydie VALVAYRE (Ed. Seuil, 2014)

« Pas pleurer », le roman de Lydie SALVAYRE s’est révélé quelque peu atypique et parfois même dérangeant pour le lecteur que je suis. L’histoire se trame par le croisement de deux voix, celle de Bernanos et celle de Montse, la mère de la narratrice. Bernanos ne peut taire le soutien scandaleux à ses yeux des prélats de l’Église espagnole à Franco. Montse a, semble-t-il, tout oublié de sa longue vie, sauf son emballement pour les idées libertaires d’une certaine jeunesse des années 36 à 38.



Ces deux voix se distinguent clairement dans le récit, elles se complètent, se confortent.
L’une, celle de Bernanos, est directement inspirée de son livre « Grands cimetières sous la lune ». L’écriture de SALVAYRE y est dense, réfléchie, forte. Parfois complexe, touffue mais toujours en révolte contre la monstruosité de l’Église qui donne sa bénédiction à la terreur exercée sur les mauvais pauvres , eux qui osent s’ouvrir à d’autres courants que la pensée unique et malfaisante d’une religion au service d’une dictature.
L’autre, prêtée à Montse, jeune fille pauvre qui, à 15 ans, est prise dans le tourbillon des courants de pensées libertaires d’une jeunesse qui refuse ce dictat franquiste et religieux. Dans la plume de VALVAYRE, cette voix parle une langue fréquemment mal menée, souvent drôle, parfois énervante, notamment par l’abondance de mots, d’expressions, de phrases, de paragraphes entiers écrits en espagnol sans aucune note pour le lecteur que je suis, moi qui n’en possède pas le moindre mot.


Tout au long de ce roman, j’ai donc oscillé entre l’envie de poursuivre et l’envie d’arrêter ma lecture. Ce qui m’a poussé à aller jusqu’au bout, c’est la réflexion, tellement encore urgente pour nos jours, à propos des mécanismes, complexes et bien difficiles à appréhender qui poussent des personnes à rallier une cause, à la quitter, à la récupérer. À faire alliance, à trahir la cause, à se masquer les vraies raisons de combattre, d’en vouloir et à se retrancher derrière des idéologies parfois justes, parfois fumeuses, mais presque toujours portées par ceux qui ne vont pas eux-mêmes au combat. Les harangueurs ne sont pas de la chair à fusil !


C’est donc un livre à lire pour les idées et le débat qu’il ouvre ! … Pour l’écriture, je devrais dire « les écritures », je suis nettement moins convaincu !


À chacun de se faire une idée sur la pertinence du prix Goncourt 2014 accordé pour ce roman…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire